Sarah
Poot
Désignez une production architecturale récente qui vous semble intéressante et expliquez pourquoi?
L’auvent de la Porte de Flandre est un objet trouvé. C’est un objet urbain, qui s’adresse à tous: aux jeunes désœuvrés qui s’y donnent rendez-vous; aux parents chargés qui y abritent leurs enfants sur un trottoir trop étroit; aux bobos désabusés qui admirent les reflets de l’eau depuis la terrasse du café; aux touristes égarés qui s’y protègent de la pluie en attendant le tram. Comme simplement posée sur le parapet du pont, une structure composée de deux bracons soutient une surface réfléchissante. Ce dispositif sans prétention permet de dépasser la simple fonction d’abri. Il propose un angle de vue inattendu sur le canal, difficilement perceptible à Bruxelles puisque situé en contrebas de l’espace public. Dans toute sa (dé)mesure, cette intervention témoigne de la dimension non quantifiable de l’architecture: celle qui permet de révéler la ville, celle qui permet à une pluralité de mondes de coexister dans l'espace urbain.
Comment percevez-vous le contexte architectural à Bruxelles aujourd’hui?
La multiplicité des défis auxquels nous faisons face appelle à une refonte profonde de la société. Bruxelles, quant à elle, fait face à une série de changements nécessaires et inéluctables qui reconfigurent le tissu urbain. C'est dans cette dimension socio-temporelle que s'inscrit l'architecture, spatialement. En tant qu'architectes, notre responsabilité est de définir les conditions spatiales qui supporteront la vie en collectivité. Pas par une réponse commune. Mais par une réponse globale, qui répond à des intérêts variés. Des réponses simples, à des problèmes complexes, à toutes les échelles, pour tous les publics. La diversité des projets architecturaux en cours à Bruxelles constitue en ce sens un laboratoire d'idées et d'opportunités. C'est un terrain fertile, où planter la graine d'une société inclusive où chacun peut coexister durablement.
Présentez-vous en quelques lignes.
Je suis architecte et me consacre à l'exploration des pratiques urbaines au sens large. J'évolue entre - et j'agis sur - l'architecture, le paysage et l'urbanisme social. Je suis co-fondatrice de l'atelier act. (2019) et du collectif Curiosita (2013); et collaboratrice chez BOGDAN & VAN BROECK (depuis 2015).