Pierre
Blondel
Désignez une production architecturale récente qui vous semble intéressante et expliquez pourquoi?
La position iconique (pont Van Praet) de ce tout petit bâtiment confère une valeur énorme à ce qui n'est "que" du logement social. L'enveloppe extérieure élégante, le raffinement des détails, la simplicité des solutions mais aussi leur complexité en font un élément qui s'intègre et se joue du contexte tout à la fois. Mais surtout, et avant tout pour ce qui est le plus important dans le logement, la qualité des plans: des logements diversifiés qui transgressent les codes et les normes.
Comment percevez vous le contexte architectural à Bruxelles aujourd’hui?
Ce qui s'est amélioré: la place de l'architecture dans le débat public, même si l'ego de certains s'en est retrouvé multiplié, et même si -comme pour la cuisine- tout le monde s'est mis à donner son avis: bon ou mauvais... Ce qui s'est détérioré: l'architecte, assiégé par un essaim de vérificateurs, d'ingénieurs, de spécialistes, de parasites de tout poil, n'a plus beaucoup d'espace, même s'il reste responsable de tout...
Ce qui n'a pas changé : comme personne, depuis Vitruve, ne s'est risqué à donner une définition à l'architecture, plutôt que d'en parler, dans un mouvement périphérique, on discourt sans fin des à côtés. On la jugera donc sur sa qualités de recyclage, comme il y'a dix ans sur celle de durabilité, comme il y a vingt de participation, trente d'éthique, quarante d'intégration urbaine, cinquante de sociologie, soixante de préfabrication. Les enjeux réels, (qui seraient aussi évidement durables, recyclables, participatifs, intégrés, sociaux etc..) et qui prendraient aussi en compte l'usager, pourquoi pas, sont rarement abordés dans leur globalité.
Et la visibilité du discours - les architectes communiquent avant même d'avoir pensé ou dessiné - se résume à une image, une façade.
Présentez vous en quelques lignes.
Architecte, enseignant.