Cécile
Vandernoot
Désignez une production architecturale récente qui vous semble intéressante et expliquez pourquoi?
Les doubles immeubles de logements sociaux, «Dupont Dupond», à Schaerbeek, réalisés par l'atelier d’architecture Matador, répondent à un contexte urbain peu docile. La problématique des parcelles d’angle est ici renversée. Les architectes développent en effet une typologie nouvelle qui émerge des contraintes du site, de la petite surface des parcelles et de prises de vue et de lumière difficiles car exclusivement tournées sur l’espace public. Une manière de reconquérir les terrains délaissés du quartier, trop souvent victimes de spéculation immobilière. à travers ce dédoublement, les architectes expriment, non sans humour, non pas la répétition d’une idée mais bien la variation autour d’un même thème, d’une même typologie. Il y a dans ces deux immeubles l’affirmation d’une matérialité forte, incarnée par l’emploi de cette brique rouge magnifiant de grands pans de mur pleins consolidant l’angle des rues. La volumétrie proposée, les vides creusés dans la masse, offrent aux appartements d’étonnantes spatialités, des généreux apports de lumière, une intimité assurée et de vastes terrasses orientées ouest, sur une double ou une triple hauteur.
Comment percevez vous le contexte architectural à Bruxelles aujourd’hui?
Le contexte architectural à Bruxelles est, pour ma part, d’une grande complexité, très normée et manquant beaucoup de liberté. Il y a de multiples et belles réponses d’auteurs et de trop multiples obstacles. Là où les concours sont privilégiés par quelques maîtrises d’ouvrage publiques et laissent à penser qu’il y a de vraies réflexion et recherche de qualité architecturale, le contexte est par ailleurs oppressé par la fadeur et la monotonie des édifices de promotions privées, dont les permis semblent avoir été octroyés sans que le projet soit passé dans ces filtres de qualité. On ne pourrait dire que le contexte est frileux, mais l’architecture contemporaine à Bruxelles ne fait pas beaucoup rêver. Je perçois dans le contexte architectural beaucoup de mauvaises décisions calculées. Je vois aussi un contexte architectural évoluer vers du passif «artificiel» et je suis persuadée que l’architecture doit absolument rester low tech, intelligente par ses spatialités et les matériaux locaux ou bio-sourcés qui la construisent pour assurer sa cohérence et sa longévité.
Présentez vous en quelques lignes.
Je suis architecte, curatrice et auteure spécialisée dans le domaine de l’architecture et de l’art dans l’espace public – diplômée en architecture (ISA St-Luc) et en Espace urbain (ENSAV La Cambre). Je suis doctorante et enseigne depuis 2011 à la Faculté d’architecture LOCI de l'UCLouvain, sur les sites de Bruxelles et Tournai.