Rafaella
Houlstan-Hasaerts
Désignez une production architecturale récente qui vous semble intéressante et expliquez pourquoi?
Parckfarm. Le projet est intéressant pour plusieurs raisons. Cinq me viennent à l'esprit: parce qu'il a contribué à la lutte pour réaliser un parc régional à Tour et Taxis; parce qu’il vient ponctuer d’une halte «sociable» un parcours qui fait le lien entre différents quartiers; parce qu’avec des moyens «modestes» (le pavillon, le mobilier, le potager...), il accueille et active des usages collectifs; parce qu'il s'agit d'un exemple où une trajectoire citoyenne et associative a été augmentée plutôt que «récupérée» par une dynamique institutionnelle; enfin, parce qu'il s'agit d'une tentative de s'orienter vers des formes inventives et éco-responsables de production et de consommation alimentaires.
Comment percevez vous le contexte architectural à Bruxelles aujourd’hui?
Je pense que dans une certaine mesure, il évolue dans un sens intéressant. Il y a moins de frilosité quant à des approches créatives, probablement plus d'implication des citoyens, une plus grande conscience environnementale, un plus grand souci pour l'écosystème urbain, en ce compris pour les «plus-qu'humains». Et en même temps un grand chemin reste à parcourir sur l'ensemble de ces aspects et sur bien d'autres encore, notamment en ce qui concerne les inégalités socio-spatiales et l'inhospitalité fondamentale de la ville aux plus vulnérables (sans-abris, migrants, consommateurs de drogues...).
Présentez vous en quelques lignes.
Architecte de formation et docteure en urbanisme, je suis chercheuse à l'ULB au sein du collectif Espèces Urbaines et enseignante à L'ESA Saint-Luc. Mes travaux portent sur la fabrique urbaine et sur les manières d’y contribuer, dans une perspective esthétique autant que politique.